mercredi 5 février 2014

"Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde." (Albert Camus)

En reprenant ce que la plume d’Albert CAMUS nous a légué d’une si belle expression, je pense aux approximations de langage ou aux déformations qui sévissent dans les propos de campagne électorale.

Elles ajoutent aux malheurs des luchonnais.

Par exemple, constater que Luchon perd 6.7% de ses curistes entre 2010 et 2013 (soit 4 ans), pendant que l'ensemble du secteur progresse de 6%, devrait conduire à nommer ce résultat de déclin accentué du thermalisme local. Se refuser à le dire, c’est enfoncer Luchon dans la dépression économique.
A peu prés jusqu’en 2008, les thermes de Luchon subissaient la même érosion de fréquentation que l’ensemble des stations thermales.
Depuis que nous évoluons dans le sens contraire, nous perdons et elles gagnent en nombre de curistes, une alerte permanente sonne à nos oreilles pour nous réveiller.

Ceux qui exposent qu’il suffirait de changer de municipalité pour changer des baignoires et pour redresser la barre ne disposent pas de l’analyse des causes du déclin. Celui ci tient aux modes de gestion des thermes qui en ont subi la politisation. Et cette politisation s’est accentuée ces dernières années. On ne fait pas fonctionner une entreprise en faisant prévaloir des intérêts électoraux.

Il faut changer le système et je nomme ce changement de privatisation, c’est à dire du sang neuf, des capitaux extérieurs, de nouveaux acteurs, des professionnels à la barre et non des politiques.

Autre exemple de peur des vrais mots, au sujet du statut des agents thermaux. On nous a dit, nouveau statut. Mais est-il nommé ce nouveau statut ? Nulle part. La crainte de prononcer le mot de contrat de droit privé ajoute à notre malheur, car le Maire ne veut pas avouer qu’il a acheté l’accord des syndicats sur un statut de droit privé, jusque là rejeté par ces mêmes syndicats, en payant un prix excessivement lourd pour l’avenir, puisque cet accord va consommer la moitié du bénéfice des thermes (250 à 300.000 euros). En refusant de nommer cet accord, le Maire sortant cache aux contribuables qu’ils devront en payer le montant.

Ainsi, trouvons nous sous une autre plume de moindre envergure que CAMUS, et l’auteur ne m’en voudra pas de ne point le ranger à la hauteur d'un académicien, une affirmation on ne peut plus ambiguë. Nous lisons : « De son coté, René Rettig évoque un investisseur mystère, misant une grosse somme, quinze millions d’Euros tout de même ! … Sur cet équipement thermo-ludique qui nous manque si cruellement… ». Pourquoi laisser croire que je connais un investisseur dont je cacherais l’identité ? Pourquoi refuser de nommer ma proposition de "partenariat public privé" par appel public à la concurrence ? Ce sous entendu est à la limite de la malhonnêteté intellectuelle. Et elle ajoute aux malheurs des luchonnais qui reçoivent ainsi une information erronée, une contre vérité. Et c’est une atteinte à l'intégrité du débat.

Ceci étant, si l’opinion en vient à le croire, c’est peut être parce qu’elle est convaincue que la privatisation des thermes est inéluctable et que c’est crédible. Et qu’elle nous sait capables d’y arriver (dans le respect des codes qui gouvernent la commande publique).