Passant auprès
des sinistrés du 18 juin, je remarque qu'ils ont pris le dessus avec énergie.
Car chacun d'eux vit une expérience douloureuse, dans un sentiment
d'isolement surmonté. Mais l’entraide est aussi présente, spontanée et
privée, de sorte que le fardeau s’en trouve un peu partagé dans l’instant. Si
les autorités constituées ne sauraient évidemment pas s’en prévaloir, il nous
revient aussi de leur prêter concours, car elles jouent un rôle important dans
le retour à une situation normalisée. De ce point de vue, l’action des Maires
et des élus doit recevoir tous les soutiens de toutes les forces organisées.
L’initiative du 6 juillet permettra également aux associations d’apporter leur
contribution solidaire.
Mais dans les
temps à venir, il faudra penser et agir en conséquence de la crue, qui est
venue aggraver une situation déjà très préoccupante. Chacun de ceux qui se trouvent
touchés par la catastrophe, et les autre aussi, se prennent à penser à l’avenir,
pour se demander s’il est possible de compter sur lui. Comment en effet ne pas
s’interroger sur les efforts supplémentaires à consentir, si l’horizon reste
bouché. En quelque sorte, l’épreuve subie par les vallées pyrénéennes, nous
oblige à donner un coup d’accélérateur, et à prendre plus vite et plus fort des
décisions que nous savions inéluctables. Sous la réserve expresse de recevoir
la juste indemnisation des dommages, c’est l’occasion de concevoir un nouveau
paysage, un nouvel intérieur, un nouvel agencement, et de mettre à la décharge
les vieilleries qui nous encombrent.
Ce qui rend d’autant
plus impérieux le changement des attitudes et des comportements.
Luchon
s'enfoncerait encore d'avantage si cette poignée de femmes et d'hommes qui
décident du sort de la Cité thermale (nous ne sommes plus que 2.500 habitants
et encore moins d'électeurs), succombe aux jeux de clans, avec ses exclusions
(et avec la responsabilité d’entrainer derrière elle les vallées qui lui sont
reliées par des liens si étroits que les sorts sont communs), alors même qu'il
faudrait attirer de nouveaux acteurs économiques, pour relayer une collectivité
épuisée.
Comme les
questions relatives à la sécurité devant les éléments naturels se poseront
plutôt que prévu, et que leur résolution ne doit pas être un objet de
retardement, nous aurons certainement plus d’exigences sur l’entretien ou la
création d’ouvrages de protection et de prévention. Cette tâche dont nous
venons de mesurer le degré de priorité naîtra d’une nécessaire et intense
coopération de toutes les Collectivités territoriales et de l’État.
Le sursaut
devient possible, à raison même de la réaction vitale que déclenchent les
grandes épreuves.